Inertis

Chère amie inconnue,

Je me nomme Theldisais. Ce nom ne vous évoque peut-être rien, aventurière. Et pourtant, vous me voyez partout où vous allez si vous ouvrez l'oeil. J'ai choisi une vie plus tranquille que la vôtre, une vie faite de manuscrits, de pinceaux et de mines. La plupart des avis de recherche que vous croisez sont de mes mains. J'ai consacré ma vie a voyager a travers Azeroth, en voir chaque aspect, m'émerveiller devant les beautés de ses contrées, les reproduire et plus encore. Je pourrais vous conter a quel point j'ai apprécié les fabuleuses forets de Theldrasil, ou encore les rivages de Féralas, mais ce serait m'écarter du sujet.

Jusqu'à maintenant, je pensais que la beauté se trouvait loin de nos contrées barbares, où règnent la guerre, le chaos, et la lutte contre les forces obscures. Mais il y a de cela quelques temps, j'étais de passage en ville pour faire le plein de provisions, après avoir traversé le désert de Tanaris. Il y avait un mariage non loin du quartier où je me trouvais. Je n'ai pas bien saisi qui étaient unis par ces liens sacrés, mais sous les arbres en fleur a cette époque de l'année, j'y trouvais au moins un représentant de chaque race. Je pensais immédiatement a un mariage entre deux membres d'une guilde dont je n'ai pas retenu le nom (veuillez m'en excuser). On y voyait de fiers guerriers en armure polie et lustrée pour l'occasion, qui brillaient de mille feux en cette belle journée. D'autres étaient habillés plus sobrement, en costume de cérémonie. Mais plus que tout, une personne a attiré mon regard.

Elle se tenait droite auprès de la mariée, les mains dans le dos, en regardant chacun des convives d'un oeil curieux, comme si elle découvrait le monde. A sa robe blanche aux fines décorations, je reconnus là une jeune prétrêsse, et de loin la plus agréable a l'oeil que toute créature vivante qu'il m'ait été donné de voir. Pourtant d'ordinaire, je n'appréciais guère les réprouvés et leur soif de vengeance. Mais cette personne, qui respirait la bonté et la curiosité m'a montré une toute autre facette de ce peuple.

Je n'ai pas resisté a l'envie de m'assoir sur un banc et de la dessiner, immortaliser ce faciès et cette prestence. Puis j'ai passé le reste de la journée a admirer cette demoiselle d'honneur qui discutait avec quelques invités, riait et festoyait avec eux. Puis je repartis pour d'autres voyages. Son image ne cessa de me hanter de nombreuses nuits. Son souvenir était encore plus radieux lorsque je ressortais le dessin que j'avais fait d'elle. Après quelques recherches lors de mon passage a Hurlevent, je pus enfin l'identifier. Et cette personne, c'était vous Inertis.

Je ne sais où vous vous trouvez en cet instant, je laisse cette charge au postier. Mais je vous fais part du dessin qui m'a rappelé que malgré mes inombrables voyages, il y a du bon en ce monde, et la beauté se trouve aussi chez nous.

A jamais vôtre,
Theldisias.